A z'aricots
La "campagne de haricots" était importante à Audruicq et dans ses environs, à partir de Juillet de bonne heure le matin les rues s'animaient de gens habillés de guenilles, les équipes étaient nombreuses et divers, certaines en camion ou vieux bus, d'autres à vélo, mon frère Alain se souvient...

"La campagne des haricots "
" On allait à haricot ", c'était une expression que j'entendais souvent à la période des vacances scolaires.
Dès 9 ans j'ai commencé à aller cueillir des haricots avec mon frère Joël dans les champs, toute la campagne y était bien organisée.
Il y avait d'abord le grand chef des cueilleurs, qui était à mon époque Marc C, il avait en charge la responsabilité de plusieurs bandes, une bande
était généralement constituer de personnes d'un même bourg ou village ; autant que je m'en souvient, j'appartenais à la bande " à Yvette ", il y avait également d'autres bandes dans les villages environnants.
La bande que j'ai le plus connu était la bande d'Ardres que nous appelions " la bande des femmes d'Ardres ", qui était essentiellement composée de femmes qui venaient pour la plupart de Bois en Ardres.
En fait, quand j'ai démarré à l'age de 9 ans, je me faisais assez souvent disputer, soit pour avoir trop traîné le cageot entre les routes, soit pour avoir arraché trop de pieds au moment de la cueille sur pied, soit pour avoir cueilli des haricots trop petits ou d'en laisser des gros, mais au fil des années le travail était de mieux en mieux fait et cela Marc ou Yvette savaient nous en faire la remarque.
Une équipe des meilleurs cueilleurs avait été constituée ; c'est ainsi que vers l'age de 17 ans, mon frère et moi ainsi que d'autres et notamment des "femmes d'Ardres " formèrent cette équipe. C'était dans la plupart des cas très intéressant, mais aussi quelques fois très contraignant.
Je me souviens, une fois nous avons du nous lever à 3 heures du matin, pour partir cueillir une pièce de haricots de qualité exceptionnelle et nous devions après la cueille, les trier, c'était beaucoup de travail mais nous étions payés 3 fois plus et la pesée se faisait au kilo alors qu'ordinairement la pesée se faisait par sacs de 20 kilos, cela correspondait à 3 cageots à mute.
Pendant bien des années, le transport des cueilleurs se faisait avec des camions souvent bâchés, mais pas toujours aménagés, puis après nous avons eu des vieux autobus. Les repas étaient individuels, les uns apportaient leur casse-croûte, les autres une gamelle froide et beaucoup avaient le thermos contenant le plus souvent de la soupe ou du café.
Nous étions au travail par tous les temps et le midi, il nous arrivait de manger debout contre un arbre pour tenter de nous protéger de la pluie car le camion ou le bus ne restait pas toujours là.
J'ai 56 ans maintenant et je me rends compte combien cela devait être pénible comme travaille pour les anciens qui faisaient la campagne car le dos en prenait un sacrè coup.
Quand la saison se terminait on faisait carriole ; On mettait tous à la masse, soit on donnait chacun une somme convenue, ou on donnait l'équivalent en haricots. Avec cet argent ainsi récolté, on achetait des boissons , des biscuits, puis on décorait le camion ou le bus avec des pieds de haricots et à la fin de la journée on buvait un verre, un verre ! C'est une façon de parler car plus d'un avait commencé avant et rentraient chez eux à quatre pattes.
C'était très souvent dur mais j'en garde un très bon souvenir, c'est une partie de mon enfance et généralement tout se passait dans une très bonne ambiance.
Alain octobre 2002
Lexique : expressions et mots.
Campagne : Nom de la saison de cueille qui se situait entre juillet et septembre.
Bande : Groupe de 40 à 70 personnes environ le contenu d'un bus… eh oui ! C'était il y a longtemps.
Yvette : C'était pour cette bande, la responsable appelée aussi bandière.
Cageot : Caisse ovale en lamelles de bois ajouré qui servait le plus souvent pour le transport d'oranges et qui était poussé devant soi entre les rangées.
Route : Rangée de pieds de haricots
Pièce : Champ
Mute : A mute, rempli jusqu'au dessus du haut du cageot
Carriole : du nom patoisant de chariot, c'est une fête existant encore après la moisson ou d'autres travaux saisonniers des champs, en fin de campagne la fête se terminait le plus souvent en chansons et danses autour de l'accordéoniste.

Autre expression
Le pain d'alouette : C'était le pain qui était ramené le soir, il avait ce goût particulier de pain mou qui a séjourné dans un sac toute la journée. A l'origine appelé le pain d'alouette car il était souvent jeté aux oiseaux.
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