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Audruicq - Quand l'histoire déraille

Auteur : Albert Delahaye
Traducteur : Jacques Fermaut

Comment aurait-il fallu présenter Galilée pour lui éviter les avanies qu’on connaît ? L’Inquisition avait pour elle tous les ouvrages savants, tous les universitaires de l’époque, ainsi que le sens commun du bon peuple : « Tu te sens tourner avec la Terre, toi ? – Non, bien sûr ! Quelle idée ! Et si la Terre n’était qu’une planète quelconque, pourquoi Dieu y aurait-il envoyé son Fils ? Un peu de bon sens quand même ! »
Les idées de Galilée ont dû suivre le parcours que Schopenhauer assigne à toute nouvelle vérité : elle commence par déclencher des tempêtes de rire, elle est ensuite farouchement attaquée, puis elle finit par être acceptée comme une évidence. Notre prétentieuse époque n’échappe pas à la règle et les « scientifiques » pas davantage : le génie qu’était Cuvier resta fixiste toute sa vie et refusa toujours l’Evolution, acceptée comme une évidence de nos jours. Ce que l’on croit savoir occulte en effet souvent ce qu’on pourrait apprendre.
Cet ouvrage est ma troisième traduction bénévole d’Albert Delahaye, après Déplacements historiques et Des « histoires » à l’Histoire. Je traduirai en effet toute son immense œuvre historique. C’est que je le considère comme le Galilée historique du XXe siècle. Georges Duby, Professeur au Collège de France, qui a eu la gentillesse de lire Déplacements historiques chapitre après chapitre, s’est déclaré dans une de ses lettres (fac-similé sur mon site http://home.nordnet.fr/~jacfermaut) « tout prêt à accepter de reprendre de fond en comble les perspectives de la géographie historique ». Hommage soit rendu à son ouverture d’esprit, à sa perspicacité et à son honnêteté intellectuelle. Hélas, une hirondelle ne fait pas le printemps ! Les autres historiens n’ont pas lu mais savent que Delahaye relève de la psychiatrie.
C’est que leurs méthodes n’ont rien à voir avec celles de Delahaye. Formatés par l’Université, éliminés s’ils dévient de l’orthodoxie, ils rédigent leur thèse sous la houlette d’un patron, et sont tenus de lire et de citer tout ce qui a paru sur le sujet : plus de 400 ouvrages pour tel « spécialiste » des Frisons ! Restez donc critique après cela ! Pour les sources, ils s’en tiennent à des fragments grappillés dans les Monumenta Germaniae Historica ou dans l’Histoire de France, à partir d’Index rédigés à la diable ou conformément aux conceptions en vigueur : c’est ainsi que les Monumenta Germaniae Historica attribuent à Nimègue un évêque qui est Harduin de Noyon ! C’était déjà grosso modo la méthode de la Sorbonne de Rabelais.
Tout autre est l’approche de l’archiviste néerlandais Delahaye, commandée par quatre impératifs : doute méthodique quant aux certitudes inculquées, honnêteté intellectuelle rigoureuse même au prix de l’histoire nationale, primat donné aux sources, respect strict de la chronologie interdisant de déduire, comme le font les historiens, l’antérieur de l’ultérieur. Ajoutez-y une énorme puissance de travail. Delahaye m’a confié avoir lu au moins 25 fois toutes les sources, dont les volumineux Monumenta Germaniae Historica. Cette quête de toute une vie lui a conféré une vue d’ensemble de l’histoire du 1er millénaire, seule susceptible de débusquer les incohérences et les impossibilités. Rien à voir avec la myopie historique des « spécialistes pointus » qui connaissent tout – disons plutôt toute la bibliographie - de leur arbre mais ne voient pas la forêt.
Au résumé de l’ouvrage, je préfère ici une mise en garde au lecteur. Qu’il sache juguler ses bouffées de scandale ! Qu’il oublie les images d’Epinal qui peuplent sa mémoire historique ! Qu’il garde l’esprit critique et ouvert, attentif surtout : pas facile de s’aventurer dans un texte dense bourré d’idées neuves.
Les empires romain et franc n’avaient pas l’ampleur « épique » qu’on leur attribue. La Germanie des Anciens n’était pas l’Allemagne : la Mare Germanicum qui borde les côtes sur les vieilles cartes de Flandre nous le montrait déjà (cf. p. 36). Les « grandes invasions » n’ont jamais eu lieu : depuis la Saxe originelle du nord de la France, les massacres (Weretha/Fréthun) et déportations de Charlemagne puis les raids normands ont peuplé l’Allemagne qui s’est prise ensuite pour la matrice des peuples, inspirée notamment en cela par l’impudent faussaire Adam de Brême. Les premiers Normands n’étaient pas scandinaves : ils partaient tout bonnement de Normandie pour attaquer leurs voisins, Francs, Saxons et Frisons, les Frisons n’ayant émigré que vers le Xe siècle notamment au nord des Pays-Bas : les Chansons de geste, antérieures aux mythes historiques, notamment la Chanson des Saisnes de Jehan Bodel, nous présentent un roi des Frisons entouré de Flamands et de Picards. Utrecht, dont l’archéologie démontre l’inexistence à l’époque, n’a été ni le siège épiscopal de Saint Willibrord ni la capitale culturelle et religieuse de l’Europe du nord. Ce saint n’a pas passé sa vie à navetter en prêchant d’Utrecht à Echternach, sa prétendue abbaye, comme les fieffés faussaires Theofried et Theoderich d’Echternach ont réussi à en convaincre tous nos universitaires. Etc, etc.
Si vous avez la force de caractère de vous ouvrir à ces idées iconoclastes, gageons que vous vous demanderez ensuite comme moi avec stupeur comment vous avez pu croire si longtemps les billevesées généralement professées. C’est la grâce que je vous souhaite !
I.S.B.N. : 978-2-9531219-5-7

 



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